chemindannick

Comment ai-je pu faire 32km sur cette étape ? Je vais vous raconter, mais avant, une autre histoire est à lire dans la Catégorie " Anecdotes et autres"

Ma journée du jeudi 28 août. 

D'abord la joie : j'ouvre la fenêtre, pas de pluie.  Je vais déjeuner. Je m'apprête à partir et le patron me dit :

-Bon courage, j'espère que vous êtes équipée, il pleut !

Zut ! En plus c'est une petite pluie fine et très drue. J'imagine que le taux d'humidité est maximum. 

Pour rejoindre le départ de l'étape j'ai déjà 1 bon km à faire à travers la ville.

C'est parti ! et c'est joli !  

Vers 10h30 enfin la pluie s'arrête. Il y a du soleil. Comme Phil la marmotte, dans le film "un jour sans fin"je vois mon ombre et je me dis que l'été est là !

J'entre dans St Denis-sur-sarthon il est midi pile ! Facile à savoir, je suis accueillie par une volée de cloches juste au moment où je contourne l'église. D'après le guide j'ai fait 13,5 km. Le podomètre s'était arrêté à cause de l'humidité. Je le remets en route. 

Comme il fait beau et que je ne sais pas si ça va durer, pause déjeuner. Au menu : sandwich féta/concombre.

Et pour une fois que c'est possible, je prends un petit café dans le bar du village. 

La campagne est quand même sacrément détrempée 

Car ceci n'est pas un étang, c'est un champ de céréales moissonné, heureusement. 

Pour moi, tout va bien, je trouve les routes, les intersections sans me perdre. Alors que je fais une photo d'un portail (oui, je sais c'est étrange, mais c'est pour le montrer à quelqu'un) une voiture s'arrête.

Le conducteur : vous voulez que je vous dépose quelque part ?

Moi : euh, non merci. 

-je pensais que vous aviez besoin d'aide

-non,non,ça va. 

-vous êtes sure ?

-oui. Je prenais juste ce portail en photo. 

Alors là, vu les yeux du gars qui hoche la tête et qui s'en va, je suis passée pour une allumée.

Me voilà maintenant dans la majestueuse forêt de Multonne. Ici le sentier n'est pas inondé, ça monte mais c'est bien agréable. 

Il y même du soleil et un ciel presque bleu. 

Il fait 18° et en marchant, en côte, j'ai chaud. 

Je dois faire une pause pour enlever ma veste.  Pauser le parapluie, enlever le sac, enlever la veste, la rager, remettre le sac : quel bazar ! C'est reparti. 

Je me suis réjouis un peu vite car le chemin devient de plus en plus boueux. Je dois passer par les fougères sur le côté pour ne pas m'embourber.

Depuis quelques centaines de mètres le chemin est complètement ravagé par les engins forestiers. Je vois les crevasses et les empruntes laissées par les chenilles et les branches et troncs trainés. Quand je pense aux sentiers qui sont interdits aux VTT pour les préserver, je me dis qu'il y a tout de même deux poids deux mesures. Enfin, j'arrive au "sommet", beau point de vue.

Mince !! Mon parapluie ??? Je n'ai plus mon parapluie !

Je ne peux pas me passer de mon parapluie !

J'ai du l'oublier quand j'ai enlevé ma veste. Il y a 1/2 heure. En côte j'ai dû faire1,5km.

Allez hop ! Demi tour et comme ça descend, je cours.  1/4 d'heure après j'y suis ! Mais pas de parapluie....

L'ai-je lâché en passant dans les fougères pour éviter les ornières pleines d'eau ?

Je remonte lentement, essayant de remettre mes pas dans mes traces et mon regard balaie le chemin, le sous bois. Rien, pas de parapluie.  "St Antoine de Padoue toi qui retrouve tout dans la poussière et dans la boue, fais que je retrouve mon parapluie" Mais même l'invocation magique n'y fait rien.  J'ai bel et bien perdu ce magnifique parapluie acheté 5€ à Barbès un jour d'orage.  Je suis triste. Je m'y étais attachée à ce parapluie. C'était près qu'un ami ! Bon, j'exagère un peu c'est vrai. 

La bonne nouvelle c'est que maintenant il va faire beau. Ne me demandez pas comment je le sais. Il s'agit d'une décision unilatérale que je viens de prendre, un point c'est tout !

Avec cette histoire de parapluie j'ai perdu une heure et fait 3km pour rien....

Heureusement qu'il m'en faut plus pour me casser le moral. 

Grâce à mon sens de l'orientation (et à la logique) je retrouve le bon chemin après la route goudronnée (il n'était pas en face, mais à droite), juste après le champignon :-)
Il est 16h. Je pense que j'en ai encore pour 1 heure avant d'arriver à la chambre d'hôte.  Ce soir c'est spécial, je dors chez des anglais qui parlent aussi mal français que moi anglais. Donc je crois qu'ils n'ont pas compris que je viens à pied et moi je n'ai pas tout compris des indications pour arriver chez eux. 

Je croyais avoir perdu le GR, mais non, de temps en temps une balise...

J'en ai marre...Chaque 100 mètres j'espère avoir fait 1 km....

J'appelle l'hôtesse et par téléphone elle me dit de continuer"vers l'est" ! Mon dieu je ne suis pas arrivée !

Dans un jardin 2 hommes plantent une toile de tente. Je leur demande mon chemin. Ils me confirme, encore 2km "et si vous ne trouvez pas vous pouvez toujours revenir dormir là" me dit l'un d'eux en montrant la tente. On rit, ça me redonne du courage.  

Mais où est cette chambre d'hôtes ??  

Et soudain après le virage je vois surgir un jeune homme. Il me parle en anglais. Je ne comprends rien, mais je réponds "yes, of course". Enfin une douche, ma lessive, puis omelette - frites et au lit, après vous avoir écrit, bien sûr.